Ce sont les derniers mots que j’ai dit à mon père avant qu’il ne quitte ce monde. Je n’avais que 10 ans lorsque cela s’est produit. Mon père était violent et très sanguin. Il avait la main lourde lorsqu’il s’agissait de passer ses nerfs après une journée éprouvante. Et souvent, cette main allait sur ma tendre mère.

Nous vivions dans un très petit logement dans Geoju, car après ma naissance nous avons déménagé de Séoul pour que ma mère puisse tenir son magazin. Ma famille n’était pas riche, mais nous survenions à nos besoins. Mon père travaillait dans les bureaux d’une agence de publicité, dans des bureaux et avec un revenu assez correct. Ma mère elle, tenait donc une jolie petite boutique de fleur en bas de chez nous. Nos fleurs parfumaient la rue où nous vivions et les voisins en étaient plus qu’heureux. Nous étions une belle famille, aimée de tous et si lumineuse. Enfin cela n’était que la façade que nous donnions.

Malheureusement, ce bonheur fut écourté après 10 ans de ma vie. Mon père fut un peu trop dur ce jour-là et ma mère ferma les yeux pour la dernière fois. Les seules choses qui me reviennent sont les larmes que mon père a versées puis l’ambulance emportant les deux corps de mes parents bien-aimés. J’aurais pu être une enfant traumatisée, pleurant chaque jour l’absence de sa maman, mais non. J’en ai pleuré oui, mais je n’ai pas réellement réalisé ce qu’il se passait. Pendant un an, je n’ai pas dit un mot. Les médecins vous diront que c’était un traumatisme, moi je, vous direz juste que je ne voulais pas ouvrir la bouche et pleurer, car on me posait toujours la même question : « Ça va toi ? Ta maman te manque ? Ton papa aussi ? ». Enfin ce n'était pas de tout repos de vivre ma vie.


Vous vous dites, « Oh la pauvre enfant, elle a dû vivre une vie si triste et désolante.. » Absolument pas. Par la suite, ma grand-mère maternelle est venue habiter avec moi et reprendre la boutique de maman. Ce fut mon pilier et mon modèle pendant des années. Grâce à elle j’avais pu survivre dans cette grande ville mais aussi j’avais pu vivre une vie sereine et équilibré. J’ai grandis aimé de cette petite famille chaleureuse. Notre appartement était lumineux et vivant. Notre vie était joyeuse et pleine d’amour.

Elle a continué de m’éduquer jusqu’à mes 19 ans. J’ai très vite arrêté les études pour reprendre la boutique. Ma grand-mère n’était pas toute jeune, et le travail était beaucoup plus important qu’on le pensât. La vieillesse était quelque chose de dur à vivre pour elle mais pour moi aussi. Je devais donc m’occuper d’elle mais aussi de la boutique et aussi de moi un peu. C’était une lourde tâche.

Ma grand-mère décida de repartir dans son village, dans la campagne coréenne pour y prendre du repos et sûrement y finir sa vie. Elle était maintenant très âgée et ne pouvait plus se permettre de vivre en ville avec la pollution et le bruit constant autour de nous.  Elle me laissa donc seule dans l’appartement et à ma charge la boutique. Ce fut difficile de la laisser partir cependant je devais bien commencer à vivre seule et à m’en sortir. « Tu es une femme forte EunAe ! » Elle me le répétait sans cesse et à force j’avais commencé à y croire.

J’étais maintenant la jeune fleuriste du quartier. Aimée de tous, souriante et angélique. Je travaillais dure pour réussir à survivre seule. Et j’y arrivais. J’étais une enfant, enfin maintenant une femme indépendante. C’était une lourde charge, mais j’y arrivais convenablement. Ma vie familiale était maintenant inexistante comme ma vie sentimentale. Oui je n'ai même jamais eu de relation. Même si mon physique plaisait aux clients et au voisinage, cependant je n'avais pas le cœur aux amourettes à l'époque. Maintenant à 21 ans, je suis un peu plus déprimée par mon statue de célibataire.

Malgré cela, j’avance chaque jour la tête haute, avec mon plus beau sourire essayant de vivre au jour le jour !