a moment, a laugh, a dream

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Jaeko erre dans les rues sombres de Geoju. Il slalome entre les lampadaires, tourne sur lui-même, chantonne une atroce cacophonie. Son crâne le fait souffrir; une douleur qui l'apaise, lui permet de supporter un peu mieux celle que son cœur subit. Il chancelle, trébuche, se tord légèrement la cheville. Il est ivre. Il veut oublier; oublier cette soirée. Cette somptueuse soirée où Phœnix était parfait, ravissant dans son costume. Cette soirée où il a jouer avec le feu et a finit brûlé. Il veut tout oublier, appuyer sur un bouton reset, retourner en arrière, changer sa vie, peut-être même retourner au moment où il a rencontré la source même de son apitoiement. Oublier Phœnix. Quelle bonne blague. Un rire rauque se laisse guider entre ses lèvres recouvertes de sang séché.
Son costume est fripé, chiffonné, sa cravate pend autour de son cou. Il expire puis inspire tranquillement, essayant de calmer le flot de larme qui menace de couler bientôt. Ses lippes tremblent; son cœur lui fait trop trop mal. Il n'arrive pas à arrêter cette douleur atroce, il entend encore des morceaux de son organe vital tomber. Il est brisé, détruit, amoché. L'alcool ne lui sert même pas de morphine. Plus il boit, plus la douleur devient intense, lui broyant chaque os à l'intérieur de lui. Ses pensées l'harcèle, il ne sait plus où donner de la tête.
Il cherche vaguement son téléphone au fond de sa poche. Ses doigts tremblent, il est glacé de la tête au pied. Ses lèvres sont violettes; le froid les titille. C'est presque surréaliste d'être tombé aussi bas. Plus bas que terre, s'engouffrant encore et encore dans un tourbillon de regret et de souffrance infini. L'écran de son téléphone ne s'allume pas, il lâche un juron qui se brise avec sa voix. Il n'arrive plus à parler. Sa gorge le fait souffrir. Il continue de marcher, se perd dans la ville.
Ses pupilles se dilatent à la vue d'un immeuble familier. C'est grotesque, insensé de sa part d'aller voir Hansol. Hansol, celui qui l'a tant prévenu que Phœnix et lui ça ne serait pas éternel, celui qui lui avait répété sans cesse qu'il n'était un jeu. Pourtant, Jaeko a besoin de lui ce soir. Besoin d'être rassuré, d'être ramassé à la petite cuillère puis d'être reconstruit. Alors il s'avance vers l'interphone et clique sur ce bouton qu'il connait tant. Et lorsque la voix d'Hansol résonne dans la rue, il ne peut pas s'empêcher de sangloter, de s’effondrer au sol. Car, son meilleur ami l'avait prévenu et il n'a pas été en capacité de l'écouter. Car il cherche toujours le bien chez les gens, car il est trop naïve et ne mériterait pas d'avoir un meilleur ami comme Hansol. Car il est idiot et le sera toujours.
« Je suis d-désolé Hansol. » Sa voix se brise. Il pleure, renifle, sanglote. Son visage est humidifié par ses larmes. Il est gelé, triste, saoule, dépourvu de tout. Alors il ne peut que pleurer sur son sort. Et il attend. Il attend qu'Hansol vienne le chercher et qu'il lui dise que tout va bien ce passer. Car il a besoin de l'entendre; il a besoin de croire que ce n'est pas la fin du monde, que tout ira bien même si pour le moment, pour lui, tout va mal.